Mission 3 – Chapitre 3

Port du casque obligatoire

● Portraits

Future religieuse – Dans le bus que je prends pour aller à l’Espace, une jeune femme m’aborde. Elle est étudiante en 4ème année au Département et a beaucoup aimé les cours de littérature donnés dans sa classe l’an passé : le cours était vivant, j’animais mon propos avec des gestes. Nouveau pour elle !

Elle est originaire de Thanh Hoa (Centre du Vietnam) et ne rentre chez elle que deux fois par an, pour le Têt et en été. A Hanoi, elle loge chez des religieuses catholiques et veut devenir religieuse. Elles sont 55 jeunes filles, hébergées gratuitement, grâce aux dons de généreux donateurs étrangers. Elle a pris cette décision contre l’avis de ses parents qui cultivent le riz. Depuis toute petite, elle est attirée par les beaux habits des prêtres et des religieuses. Mais ce qu’elle veut, c’est travailler dans l’humanitaire. Prise par la conversation, elle rate son arrêt vers Van Mieu.

Le bus

 

Nounou vietnamienne – C’est très souvent une mamie de 50 ou 60 ans qui a élevé ses enfants à la campagne mais a besoin d’argent. A la ville, embauchée par une famille de la classe moyenne dont les deux parents travaillent, elle fait le ménage, s’occupe des enfants, habite avec la famille sans disposer d’une chambre personnelle. Elle dort dans la chambre des enfants, avec ou sans eux, car souvent les enfants dorment avec les parents. Nourrie, logée, elle gagne 700 000 dongs / mois (25 €). Elle rentre chez elle deux ou trois fois par an. J’en rencontrerai beaucoup chez mes jeunes amies et leur expliquerai qu’en France le statut des nounous est très différent.

 

Portraits de groupe – Hanoïen.ne.s casqué.e.s

Samedi 15 décembre 2007 – Date mémorable : port obligatoire du casque à moto

La veille, personne ne portait de casque mais de nombreuses échoppes fixes ou mobiles en vendaient depuis quelques semaines. Spectacle saisissant : aujourd’hui tout le monde porte un casque ! Casques de toutes couleurs, casque intégral, casque de chantier, casque-bol, casque-tte… je suis prise d’un fou-rire qui se communique à mon chauffeur de taxi !

 

Marchande de casques
Marchande de casques

● Echos pédagogiques

 

– Une collègue dont le fils est en 3ème année F1 m’envoie un courriel – son fils a beaucoup apprécié mon cours d’EE (Expression Ecrite) – et m’invite à venir chez elle. Pendant plusieurs semaines, je travaille sur des textes de Marguerite Duras avec la classe F1 : construction du texte, récit/discours, lecture expressive. Il me demande combien de temps on travaille sur une œuvre en France. Il apprécie la lecture méthodique de l’Amant de la Chine du Nord.

– Un matin à 7h30, j’assiste au cours d’une professeure –non débutante – pour voir comment elle mène la séance de CO (compréhension orale) : elle a oublié le magnétophone et revient en me disant qu’elle doit remplacer une collègue absente. Je vais donc assurer le cours en 2AF1. La situation est banale et se reproduira au cours de la mission : les professeures se remplacent au pied levé, souvent en accueillant les étudiant.e.s sans prof dans leur classe, ce qui porte l’effectif à 40 ou plus. Efficacité pédagogique = zéro.

Projet radio – C’est une leçon proposée par le manuel TVB2 (Tout Va Bien A2) qui demande une concertation avec les professeur.e.s et une préparation avec les étudiant.e.s. de 2ème année. L’objectif est de simuler une émission de radio avec journaliste et intervenant.e.s. Il faut donc choisir des sujets, réfléchir aux questions et aux réponses : préparer mais ne pas lire son papier.

 

Emission de radio

 

Bonne surprise en classe F6 où les 5 groupes constitués s’en tirent bien sur des sujets qui les concernent : les goûts musicaux des éudiants, le vie des étudiants, Céline Dion, le dernier typhon, « chaque jour, chaque livre ».

Pour élargir leur horizon, je leur parle de l’Espace, qu’ils/elles ne connaissent pas. Les raisons : ne savent pas quel bus prendre, c’est loin, ne connaissent pas le programme. Mais surtout, elles viennent des provinces, sont à la cité universitaire et ont le mal des transports !

– Deux étudiantes de 4ème année m’arrêtent à la sortie d’un cours : elles souhaiteraient faire leur mémoire de fin d’année sur les Gommes et Bonjour Tristesse. Comme je ne suis pas fan du nouveau roman, je propose Roses à crédit à la place des Gommes. On en parle dans mon bureau.

Elsa Triolet - Roses à crédit

Au musée ethnographique avec Canh Linh et sa classe de 1ère année. La plupart des étudiant.e.s ne connaissent pas cet endroit. A l’intérieur, les modes de vie des minorités ethniques. A l’extérieur, les maisons de plusieurs ethnies et… des mariés à foison ! L’endroit est réputé pour être photogénique.

Nous pique-niquons avec les étudiant.e.s avant de partir à moto – moi derrière Canh Linh – au Centre national du cinéma 51 Trang Hung Dao.

Rites funéraires
Rites funéraires
Canh Linh et ses étudiant.e .s au musée ethnographique
Canh Linh et ses étudiant.e .s au musée ethnographique
Trang de l’ethnie édé pose sa main sur un sein en bois. Oh la la !
Trang de l’ethnie édé pose sa main sur un sein en bois. Oh la la !

Les robes et les photos qui font rêver

Les robes et les photos qui font rêver…loin des films que nous verrons ensuite
Les robes et les photos qui font rêver… loin des films que nous verrons ensuite

Y aura-t-il de la neige à Noël de Sandrine Veysset et La Vie rêvée des anges d’Eric Zonca. Deux films « durs » que j’ai déjà vus et qui remuent Canh Linh et quelques autres profs retrouvées sur place. Loin du cinéma divertissement et des blockbusters !

● Echos culturels

Conférence à l’Espace : Regards croisés sur l’adolescence vietnamienne

Des professionnels français et vietnamiens (psychiatres, psychanalystes, psychologues) échangent leurs expériences. Brigitte Durand, membre de Préfasse et psychanalyste est dans la salle. Je la rejoins. Elle vient assister à mon cours le lendemain. Les étudiantes continuent à présenter leurs « émissions de radio ». Brigitte est ravie : elle a plus appris que la veille à la conférence sur les jeunes Vietnamien.ne.s

 

Brigitte en discussion avec Tinh, Hai et Kim, chez la Belle Crémière
Brigitte en discussion avec Tinh, Hai et Kim, chez la Belle Crémière

Conférence sur Paul Doumer à l’Espace par Amaury Lorin

J’apprends des choses mais j’attends en vain des éclairages sur les populations exploitées lors de la colonisation. Aux questions sur les révoltes, la répression, pas de réponse. Paul Doumer est un grand homme. Point !

Sur Google, je trouve les informations suivantes : Amaury Lorin, docteur en histoire de l’Institut d’études politiques de Paris, ancien boursier de l’École française d’Extrême-Orient, a récemment codirigé Nouvelle histoire des colonisations européennes (XIXe-XXe siècles) : sociétés, cultures, politiques (PUF, coll. « Le Nœud gordien », 2013) et L’Europe coloniale et le grand tournant de la Conférence de Berlin (1884-1885) (Le Manuscrit, coll. « Carrefours d’empires », 2013). Amaury Lorin a reçu le Prix des écrivains combattants 2006, le Prix Auguste Pavie de l’Académie des sciences d’outre-mer 2006 et le Prix de thèse du Sénat 2012.

Paul Doumer

Paul Doumer (1857 – 1932) – Membre du Parti radical, il est gouverneur général de l’Indochine de 1897 à 1902, ministre des Finances à trois reprises, puis président du Sénat. Elu à la présidence de la République en 1931, avec les voix du centre et de la droite, devançant notamment Aristide Briand, il est assassiné moins d’un an plus tard, par un émigré russe, Paul Gorgulov.

Le pont Paul Doumer à Hanoi, aujourd’hui pont Long Bien
Le pont Paul Doumer à Hanoi, aujourd’hui pont Long Bien