Lettre de Préfasse : automne 2021

Sommaire


♦ La quatrième vague de Covid sous contrôle : une reprise en mode mineur
♦ Mais les cours en présentiel doivent encore attendre
♦ Minh Phuong est rentrée à la maison !
♦ Marie-Laure de Decker, photographe de guerre, au Vietnam
♦ Grenoble – Des restaurants asiatiques au cœur d’un trafic d’êtres humains
♦ Affaire du camion charnier : un procès révèle les détails sordides de « la cellule de passeurs » belge
♦ Inauguration de la première ligne de métro à Hanoï
♦ Des Vietnamiens primés aux Olympiades internationales d’astronomie et d’astrophysique 2021
♦ La fille d’Albert Clavier se bat pour faire venir auprès d’elle sa mère, une Vietnamienne de 86 ans, qui vit seule à Hô Chi Minh-Ville.
♦ Au Musée Guimet, Duy Anh Nhan Duc redonne leur splendeur aux « mauvaises herbes »
♦ Le jardin des arts de Danh VO
♦ Des sapins dans les rues et les maisons de Hanoï
♦ Des nouvelles de nos Préfassien·nes

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La quatrième vague Covid sous contrôle : une reprise en mode mineur

• Réouverture sous conditions des cafés et restaurants juillet

« A partir du 14 octobre, les restaurants, les cafés ainsi que les hôtels dont les propriétaires et les employés doivent être vaccinés avec deux doses complètes, peuvent rouvrir à 50 % de leur capacité d’accueil, mais doivent respecter pleinement les mesures de prévention et de contrôle du COVID-19. Les entreprises, les centres commerciaux, les services de taxis reprennent aussi leurs activités. La vie est presque revenue à la normale. » Thu Ha 2019

Les restaurants de pho rouvrent !
Les restaurants de pho rouvrent !

La vaccination s’intensifie mais les petits marchés sont fermés
« Chez moi, les adultes ont pris deux doses Astrazeneca, mon fils une dose Pfizer, ma fille pas encore. Les enfants ont toujours des cours en ligne car ils n’ont pas reçu les deux doses de vaccin nécessaires. Les cas positifs dans la communauté de la ville de Hanoï sont détectés avec une croissance quotidienne. Nous en sommes assez inquiets car il y a des cas de Covid dans le quartier, et que tous les petits marchés de mon arrondissement sont fermés. C’est un peu gênant pour moi qui ai l’habitude de faire les courses près de chez moi tous les jours. Je dois donc acheter assez de nourriture pour quelques jours afin d’éviter de sortir de chez moi.
Bientôt c’est le Tet traditionnel des Vietnamiens et c’est aussi le stockage des nourritures à cette occasion. […] Alors, chaque fois que je sors de chez moi, j’ai l’impression de vivre pleinement ma vie et rêve à des vacances au bord de la mer… J’espère pouvoir réaliser ce rêve en été 2022… »
Grande Thu Ha

Bilan de la pandémie au 2 janvier 2022

32831 décès depuis le début de l’année 2020 (Données du ministère de la santé vietnamien)

Les liaisons aériennes intérieures et internationales encore à l’état de projet
Le gouvernement annonce la reprise des vols internationaux réguliers vers des destinations ayant un niveau de sécurité élevé, et selon un protocole de contrôle efficace COVID-19. 
Il s’agit essentiellement de destinations en Asie – Chine, Japon, Corée, Thaïlande, Singapour, Laos, Cambodge – et de San Francisco/Los Angeles. Des vols pour l’Europe et l’Australie sont à l’étude.
Le Courrier du Vietnam du 27.12.2021
La reprise de la coopération Préfasse-Ulis n’est – hélas ! – pas encore d’actualité !

Image « ancienne » dont on attend le retour (novembre 2021)
Image « ancienne » dont on attend le retour (novembre 2021)

Signe de la reprise intérieure, les embouteillages à Hanoï en octobre !

La circulation automobile a bel et bien repris !
La circulation automobile a bel et bien repris !

• Mais les cours en présentiel doivent encore attendre

• Octobre : on espère revenir en classe le mois prochain.

– Tran Binh formule le désir général : « Nous espérons revenir à la fac le mois prochain grâce à la couverture vaccinale de tous les Vietnamiens. »
– Thu Ha, Préfassienne, 2019 témoigne de la difficulté pour les plus petits : « Au début, j’étais très inquiète parce que mon fils n’a jamais étudié en ligne et qu’il est petit mais il s’y est bien habitué. Il étudie à l’école primaire publique, tu peux imaginer, il y a plus de 55 élèves dans chaque classe. Parfois, c’est très bruyant car les enfants ont du mal à allumer et à éteindre le micro. » 
La directrice adjointe de l’école primaire Hoàng Diêu à Hanoï confirme : « Les élèves en première année rencontrent beaucoup de difficultés car ils ne se connaissaient pas auparavant et doivent apprendre de nouveaux programmes ». Selon elle, lors d’un cours en ligne, plusieurs élèves peuvent rater beaucoup de choses qu’ils veulent apprendre à cause d’une perte de la connexion. »

Etudier tout seul devant l’ordinateur : pas facile !
Etudier tout seul devant l’ordinateur : pas facile !

– Tu Linh, Préfassienne, 2015 « essaie de maintenir le contact pendant les séances virtuelles » avec sa classe de 2ème année dont elle trouve les étudiant·es « plus assidu·es que la classe de l’année dernière. » Comme il se peut que certain·es n’aient pas l’intention de travailler avec le français dans l’avenir, elle s’efforce de leur donner des outils « pour leur vie : la façon de travailler, de penser, de percevoir les difficultés, d’arranger les problèmes. »

• Novembre : ce n’est pas encore l’heure !

– Tran Binh rend compte de la situation générale : « Ici la quatrième vague du Covid 19 continue à sévir dans les villes et provinces du Sud et notamment à HCM ville. On compte chaque jour une dizaine de milliers de victimes enregistrés. 
Les élèves des collèges et des lycées commencent à se faire vacciner maintenant et on compte faire la troisième dose de vaccin pour les personnes âgées le mois prochain.
Certaines écoles dans les provinces peu touchées par la pandémie rouvrent leurs portes. Nos universités restent encore fermées et les cours vont se terminer cette semaine. Les examens se feront en ligne. »

– Phuong Lan, Préfassienne 2005, confirme que la vie continue malgré les difficultés : « Chez nous, le nombre des contaminés de Covid-19 augmente ces derniers jours, surtout dans la région du centre au VN. À Hanoï, le nombre augmente légèrement mais la vie continue. Tout marche normalement car plus de 80 % des Hanoïens ont pris 2 piqûres de vaccin, sauf les enfants de moins de 18 ans. Reste seul le système éducatif qui doit toujours s’effectuer à distance.
Cette année, tout est à distance depuis la rentrée scolaire. Les cours à distance ne nous découragent pas mais nous tirent plus ou moins notre énergie. Nous avons 4 classes en première année et nous sommes à la septième semaine du 1er semestre.
Ce qui nous manque dans cet apprentissage à distance, c’est que nous n’avons pas la possibilité d’organiser des activités extra-scolaires pour nos étudiants. Nous envisageons de mettre en place la lecture de BD ou la séance de film à l’Espace mais cela reste difficile en ce moment. Nous attendons le retour en classe normale en deuxième semestre quand les étudiants auront pris tous 2 piqûres. »

La Classe de Dang Thi Thanh Thuy, alias Thuy frisée, en mode Zoom
La Classe de Dang Thi Thanh Thuy, alias Thuy frisée, en mode Zoom

• 20 novembre – La fête des enseignant·es 2021, sur Zoom !
Impossible cette année encore, de se réunir, pour célébrer les enseignant·es. J’ai pu mesurer lors des missions effectuées depuis quinze ans, l’attachement à cette coutume. Cadeaux, bouquets de fleurs offerts aux enseignant·es par leurs étudiant·es mais aussi visites aux enseignant·es qu’on a aimé·es. Les retraité·es sont toujours très nombreux/ses lors des fêtes organisées au Département.
Cette année, décision a été prise de se rencontrer sur Zoom !

Capture d’écran sur laquelle vous reconnaîtrez Anh Tu et quelques autres ami.es.
Capture d’écran sur laquelle vous reconnaîtrez Anh Tu et quelques autres ami.es.
Fête des enseignants 2016 – L’université avait doté toutes les professeures d’un uniforme… mais on pouvait se tenir par le bras !
Fête des enseignants 2016 – L’université avait doté toutes les professeures d’un uniforme… mais on pouvait se tenir par le bras ! De gauche à droite, Ngoc Lan, Phuong Lan, Dam Thuy, Canh Linh, Yen, Anh Tu et Thuy Linh.
Décembre : fin de semestre toujours en distanciel

– Les étudiant·es devant l’écran à 7h du matin
« Comme les autres collègues, j’ai des cours à donner à distance (via Zoom). Je travaille en binôme avec Hải Yến LÊ. Nous avons vingt-huit étudiants (de 1ère année) qui sont sympathiques et très curieux. J’apprécie leur sérieux et leur ponctualité : ils se trouvent toujours devant l’écran à 7 heures précises du matin ! »  Kim, Préfassienne 1999
Les étudiant·es de 1ère année, ayant commencé plus tardivement que les autres, termineront le semestre fin décembre.

Mi-décembre – Deuxième semaine des examens, c’est presque la fin.
« Toujours compliqué en termes de technique car chaque étudiant doit préparer deux appareils : un pour rédiger le test et une caméra qui filme leur profil pour éviter la tricherie. On prend l’habitude et cette fois-ci je me sens moins stressée en tant que surveillante.
On reprendra les cours la semaine après Noël. Entre-temps, les professeurs préparent les cours en ligne et terminent de remplir les bulletins de notes. 
Il n’y a pas encore de décision pour le retour à la fac. Hanoï connaît la nouvelle vague de Covid après qu’on relâche les restrictions. Au dernier cours du semestre, j’ai dit « à bientôt » aux étudiants mais nous savons tous que ce ne sera pas si tôt.
Un point positif des cours en ligne : les étudiants s’adressent plus facilement aux professeurs. Pour être présente pendant cette pause, je leur envoie de temps en temps les chansons françaises. L’Espace propose aussi des films gratuits en ligne pour cette période de fin d’année. » Anh Tu, Préfassienne 2014

Chez Oanh, le père de Giang (Amiens)  les fleurs éclosent un peu avant le Têt
Chez Oanh, le père de Giang (Amiens)
les fleurs éclosent un peu avant le Têt

– Fin décembre – Début du deuxième semestre à distance… encore ! 
« On enseigne à distance, tout se déroule à travers Internet. Je perds plus de temps pour préparer les cours avec PowerPoint. Les étudiants et même nous sont déjà saturés de l’écran. Donc il me faut investir la présentation audio-visuelle du cours. J’en ai un peu marre de tout type d’écran, mais on n’a pas de choix. » Thuy Aquableu

– Innovation pédagogique adaptée à la situation !
« Je commencerai le deuxième semestre la semaine prochaine. Au début, nous avions prévu des cours en présentiel. Cependant la situation de la pandémie du Covid 19 s’aggrave, surtout à Hanoi. Donc, nous donnerons les cours en ligne. Ce n’est pas motivant, mais nous n’avons pas le choix.
Récemment à la fin du premier semestre, nous avons organisé un concours de vidéos touristiques destiné aux étudiants de troisième année dans le cadre du cours Introduction au tourisme. 
Les étudiants ont travaillé en groupe pour concevoir une vidéo afin de promouvoir le tourisme vietnamien. Notre groupe de 3 enseignants  avait choisi les 10 meilleures vidéos qui ont été envoyées aux directeurs ou représentants des agences de voyages locales. La finale du concours s’est déroulée en ligne le 2 décembre avec la participation du jury de 5 experts et de plus de 100 étudiants. C’était une première expérience événementielle en ligne pour nous. Mais elle était appréciée par nos étudiants, nos collègues et les responsables de l’université. Nous espérons continuer d’organiser cette activité expérimentale tous les ans et ce serait mieux en direct à l’amphithéâtre Vu Dinh Lien. » Grande Thu Ha

Un nouveau Chef adjoint au Bureau d’Administration de l’Université
Le Président de l’ULIS (à droite) remet à Nguyen Van Doan (à gauche) la décision de sa promotion aux fonctions de Chef adjoint du Bureau d’Administration de l’Université.

● Minh Phuong est rentrée à la maison après deux ans en master à Grenoble !

C’est seulement le 30 septembre que l’ambassade du Vietnam a publié l’information concernant le vol mensuel reliant Paris à Hanoï. Phuong s’est inscrite aussitôt, espérant que son statut de prioritaire lui permettrait d’obtenir un siège sur le vol du 10 octobre, au tarif de 1300 € l’aller simple. Un tarif très élevé. Moins cependant qu’un autre avion, annoncé pour le 23 octobre au tarif de 2300 € l’aller + les sept jours de confinement en hôtel 4 étoiles.
Elle n’a obtenu confirmation de son départ que trois jours avant l’envol. Nous partions à Nancy pour un séjour chez des amis de Préfasse lorsque, à hauteur de Dijon, elle a reçu le feu vert. Heureusement que nous avions embarqué ses deux grosses valises dans la voiture !
Le lendemain, elle a pris le train pour Paris : moment d’émotion à la gare de Nancy.
Et le dimanche matin, une amie d’une amie de Préfasse la conduisait à Roissy.

Au revoir à la gare de Nancy
Au revoir à la gare de Nancy

« Les Vietnamien·nes se font remarquer au Terminal 2 E » ! MMS de Phuong 
Effectivement, ils/elles étaient les seul·es voyageur·ses à avoir revêtu les combinaisons bleues de protection, pour tout le vol.
Départ vers 14h. Arrivée à Noi Bai à 6h38. Le seul vol enregistré ce matin-là. L’aérogare est vide.
Les 276 passager·es sont encadré·e. s par l’armée et acheminé·es vers Yen Bai, leur lieu de confinement, à trois heures de route, et sous la pluie.
Installation pour une semaine à l’Ecole supérieure de médecine dans des chambres pour six, avec lits à étages sans matelas !

Attente du vol pour Hanoï
Attente du vol pour Hanoï

Confinement à Yen Bai puis retour à la maison
Interdiction de sortir des chambres et port du masque obligatoire sauf pour manger et dormir. Les repas sont apportés sur des chariots, à proximité des chambres et sont pris dans les chambres. Le quotidien est fait d’un peu de ménage, de lecture, d’exercices physiques collectifs le soir. D’un peu de méditation pour Phuong.
Mardi 19 octobre, retour vers la gare de My Dinh à Hanoï où la famille de Phuong est venue la chercher. Mardi 26 octobre, son auto-confinement à la maison a pris fin et Phuong a pu reprendre une vie normale, se réadapter à la conduite de la moto dans les rues à nouveau encombrées.

Nous avons eu plaisir à vivre avec elle de nombreux moments pendant ces deux années marquées par la pandémie. Nous saluons ses capacités d’adaptation, sa force de travail et ses brillants résultats universitaires. Elle a apprécié la cuisine française, les balades en montagne et le contact avec la nature, les documentaires sur ARTE… Nous lui souhaitons un bon retour au pays !
Elle fait maintenant partie de la famille des Préfassiennes !

Pour ne pas rompre avec ses habitudes prises en France pendant ses deux années de master, Phuong fait de la pâtisserie et cherche des itinéraires de randonnée. Elle manifeste un sens artistique certain dans ses réalisations culinaires !

Tarte aux pommes - Gâteau aux bananes
  Tarte aux pommes – Gâteau aux bananes

Marie-Laure de Decker, photographe de guerre, au Vietnam

Le Monde du 11 octobre consacre un long article de la série Je ne serais pas arrivée là, si… à Marie-Laure de Decker, 74 ans. Retirée dans sa maison du Tarn, elle revient sur les années passées au Vietnam en répondant aux questions de Béatrice Gurrey. (Extraits)
Marie-Laure de Decker

Au Vietnam, où vous faites des photos pour « Newsweek » avec l’armée américaine, vous répétez à tout le monde : « You lose the war » (vous perdez la guerre). Gonflé…
Mais c’était vrai ! J’étais une jeune fille, je parlais très mal anglais, on me souriait. Il suffisait de regarder autour de soi pour voir qu’ils allaient perdre. Et puis il y a eu l’héroïne. Elle était tellement pure que les gens ne se piquaient pas, ils la fumaient, en poudre dans une cigarette, les soldats comme les officiers. Ils devenaient littéralement fous. Ils se tuaient entre eux. « Allez, celui-là, on le dégomme. » Il y avait un mot pour cela : fragging officer, comme la grenade à fragmentation qu’ils mettaient dans les toilettes pour se débarrasser d’un supérieur trop dur. Les Américains mentaient sans arrêt. Tous les soirs, aux briefings pour la presse, un crétin venait et montrait une carte du Vietnam avec sa badine et disait : « On a tué des Viets, là et là ».
Ils ne comprenaient pas grand-chose. A Saïgon, je travaillais au Continental et juste au-dessus de nous, il y avait le magazine Time. Deux messieurs, M. Cao-Gao et M. Vong, étaient censés être nos informateurs mais ils ne donnaient jamais aucun renseignement. Time avait un type très élégant, la peau impeccable, M. Ahn. Les Américains l’adoraient, il avait ses entrées à l’ambassade, qui ressemblait à un bunker. L’ambassadeur s’appelait Bunker, alors on disait Bunker’s bunker. Après la guerre, il s’est avéré que M. Ahn était un général vietcong. Le week-end, il partait « à la campagne » et donnait toutes les informations possibles.
Vous parliez de votre peur. Et au Vietnam ?
Evidemment, j’avais peur. Souvent. J’étais aussi un peu inconsciente. Je crois que le corps aime la peur, d’une certaine manière. On se sent vivant. Mais j’ai toujours refusé de photographier des atrocités. Je ne crois pas que cela m’ait nui, de ne pas photographier le sang, la mort. Je me foutais complètement d’une « carrière ». Mon objectif, c’était d’arriver à Gamma.

Grenoble – Des restaurants asiatiques au cœur d’un trafic d’êtres humains 20 personnes, dont un élu, poursuivies au tribunal

Le Dauphiné Libéré du jeudi 4 novembre, consacre sa Une à ce fait divers, avec à l’arrière-plan une photo d’un restaurant vietnamien bien connu à Grenoble, situé juste en face de la gare, le China Moon.
le China MoonLe Dauphiné Libéré a enquêté sur une importante affaire de trafic d’êtres humains mettant en cause vingt personnes qui seront renvoyées devant le tribunal correctionnel de Lyon en décembre. Ce réseau, centré sur l’Isère, exploitait des clandestins de nationalité vietnamienne après leur avoir procuré de faux titres de séjour. (Chapeau de l’article)

Dans le corps de l’article, on apprend que tout est parti, en novembre 2017, d’une banque grenobloise à laquelle se sont présentés trois jeunes Vietnamiens pour ouvrir des comptes et endosser des chèques. Le responsable de la sécurité de la banque a douté de l’authenticité des titres de séjour présentés. Il a saisi la police qui a rapidement établi qu’il s’agissait de faux. D’autres faux titres de séjour sont repérés en région parisienne présentés par des restaurateurs ou des comptables. La police soupçonne qu’une filière grenobloise est à l’origine du trafic. Elle identifie le faussaire qui est arrêté à Echirolles, banlieue de Grenoble.
Les faux titres de séjour et fausses attestations de sécurité sociale étaient destinés à des jeunes clandestins employés dans des restaurants appartenant à la communauté vietnamienne. Une main-d’œuvre sous-payée, logée dans des conditions misérables, en sous-sol ou sur les banquettes du restaurant.
En 2020, une vingtaine de personnes sont mises en examen ou arrêtées : c’est le cas du gérant du China Moon et de son fils gérant du New Saïgon à Crolles.
On se souvient des 37 jeunes Vietnamiens retrouvés morts dans un camion frigorifique près de Londres en octobre 2019. Deux d’entre eux – Nhung, une jeune fille de vingt ans et Diep, un garçon du même âge – étaient passés par la filière grenobloise. Originaires d’une province pauvre du Vietnam, ils ont versé entre 20 000 et 25 000 € à des passeurs pour atteindre la France et ont dû travailler dans des restaurants vietnamiens, pour terminer de rembourser leurs dettes.

Le verdict est tombé le 17 décembre.
Tous les prévenus ont été condamnés, à des degrés divers, souvent pour « usage de faux », « emploi d’étranger sans titre » et « aide au séjour irrégulier en bande organisée », mais une relaxe générale a été prononcée pour la qualification de traite d’êtres humains.
Les patrons des restaurants ont été condamnés à des peines de prison ferme. Trois ans pour Laurent Huynh, dont deux avec sursis et interdiction définitive d’exercer la profession de restaurateur. Dix-huit mois avec sursis et 10 000 € d’amende pour son fils Steven Huynh. Deux ans de prison dont un avec sursis et 15 000 € d’amende pour son beau-frère également restaurateur dans la région.
Deux ans de prison dont un avec sursis pour Cherif et Nassira Boutafa. Peines de sursis pour les comptables.

Affaire du camion charnier : un procès révèle les détails sordides de « la cellule de passeurs » belge

Le parquet fédéral belge a requis une peine de 15 ans d’emprisonnement à l’égard d’un ressortissant vietnamien résidant à Bruxelles, pour trafic d’êtres humains et direction d’une organisation criminelle. Il comparaissait, les 15 et 16 décembre, aux côtés de 22 autres prévenus. Presque tous étaient accusés de traite humaine, à la suite de l’enquête menée sur la mort de 39 migrants, retrouvés étouffés dans un camion au Royaume-Uni en 2019.

Inauguration de la première ligne de métro à Hanoï

Celles et ceux qui ont déjà circulé dans Hanoï applaudissent à cette information lue dans Le Monde du 6 novembre. La ligne n° 1 qui relie Cat Linh, au centre-ville, à Hà Dông. Il s’agit d’une ligne aérienne car le sous-sol de Hanoï est gorgé d’eau.
« Après des années de retard et un quasi-doublement des coûts de construction, une rame a quitté, samedi, la gare de Cat Linh, près du centre-ville, pour un premier voyage de 13 kilomètres vers l’est densément peuplé. »
« L’agglomération bourdonnante de neuf millions d’habitants est connue dans le monde entier pour ses foules denses de mobylettes qui remplissent les rues de la ville et rendent la vie périlleuse aux piétons qui tentent de traverser. Selon la police, le nombre de deux-roues sur les routes est passé de deux millions en 2008 à 5,7 millions en 2020. Le nombre de voitures est également passé de 185 000 à 700 000 au cours de la même période. Les habitants restent souvent des heures coincés dans les embouteillages, et rares sont ceux qui choisissent de prendre le bus, seule option de transport public disponible jusqu’à présent. » Le Monde avec AFP 6.11.2021
Le tarif variera en fonction de la distance parcourue : de 8.000 à 15.000 dôngs.
Passe journalier : 30.000 dôngs Passe mensuel : 200.000 dôngs
Tarif spécial pour les élèves, étudiants et travailleurs des zones industrielles : 100.000 dôngs la ligne dessert 12 gares et mobilise 13 trains composés 4 voitures capables de transporter plus de 900 passagers.
Vitesse prévue : 80 km/h
Fréquence des trains : de 6 à 7 min et de 2 à 3 min aux heures de pointe.
Première ligne de métro à Hanoï

Hélas ! Il ne s’agit pas de la ligne qui relie le centre-ville à l’université nationale et au-delà via Cau Giai et Xuan Thuy. Depuis plusieurs années, les viaducs ont été construits, avec de nombreuses périodes d’arrêt. Personne ne sait vraiment. Des malfaçons, des litiges…

Certaines avaient mis leur ao dai pour effectuer leur premier voyage !
Certaines avaient mis leur ao dai pour effectuer leur premier voyage !

Des Vietnamiens primés aux Olympiades internationales d’astronomie et d’astrophysique 2021

Les Olympiades se sont tenues en ligne, avec la participation d’élèves de moins de 19 ans de plus de 60 pays. Les cinq élèves du lycée d’excellence Hanoï – Amsterdam participant aux Olympiades internationales d’astronomie et d’astrophysique (IOAA) 2021, qui se sont achevées le 21 novembre, ont tous reçus un prix.
Médaille d’or pour Trân Dinh Dung, médaille d’argent pour Nguyên Manh Duc et Nguyên Khanh Tam et médaille de bronze pour Lê Duc An et Dinh Trân Hai Chiên

Les cinq lauréats des Olympiades internationales d’astronomie et d’astrophysique
Les cinq lauréats des Olympiades internationales d’astronomie et d’astrophysique

La fille d’Albert Clavier se bat pour faire venir auprès d’elle sa mère, une Vietnamienne de 86 ans, qui vit seule à Hô Chi Minh-Ville

Le site de Préfasse rend compte du destin exceptionnel d’Albert Clavier, dans l’évocation de son autobiographie : De l’Indochine coloniale au Vietnam libre. Je ne regrette rien.
Sa fille, France, vit à Saint-Laurent-du-Pont (en Isère, à proximité de Grenoble) où elle a ouvert un restaurant vietnamien. Ses parents se sont séparés lorsqu’elle avait six ans. Elle refuse de suivre son père en Hongrie et passe son enfance au Vietnam aux côtés de sa mère et de son petit frère. Une période de pauvreté et d’ostracisme : « En tant qu’enfant métisse, on était mal acceptés. » Son frère meurt du paludisme à l’âge de 20 ans. Pendant treize ans, elle est danseuse classique à l’Opéra, ce qui l’a « libérée. »  Ce n’est qu’à l’âge de 27 ans, lorsqu’elle devient mère, qu’elle renoue avec son père. Elle le rejoint d’abord en Hongrie puis en Isère, où elle fait la connaissance de Patrick Champiot-Bayard, dont le père est le « frère de lait » de son père Albert Clavier.
Le couple s’installe en 1993 à Saint-Laurent-du-Pont bientôt rejoint par Albert Clavier. France donne naissance à un fils, ouvre son restaurant, entretient des relations avec sa mère. Elle réussit à la faire venir en France quatre ans après le décès de son père en 2015. Mais elle ne parvient pas à obtenir de permis de séjour et sa mère, Oanh, doit rentrer au Vietnam. Depuis, France et son mari se battent pour faire revenir la vieille dame, sans succès. « On nous dit que notre dossier est incomplet et pas fiable. » France téléphone à sa mère tous les jours. « Je me battrai jusqu’au bout. » D’après Le Dauphiné Libéré du 12.12.2021

Épaulée par son mari Patrick Champiot-Bayard, France Clavier tente de faire venir en France sa mère qui réside à Saïgon
Épaulée par son mari Patrick Champiot-Bayard, France Clavier tente de faire venir en France sa mère qui réside à Saïgon

Au Musée Guimet, Duy Anh Nhan Duc redonne leur splendeur aux « mauvaises herbes »

Le musée parisien offre une carte blanche au plasticien glaneur franco-vietnamien, qui crée ses œuvres avec des végétaux ramassés lors de ses balades. Né au Vietnam en 1983, Duy Anh Nhan Duc avait, petit, fait de la nature son terrain de jeu. Quand il est arrivé en France à l’âge de 10 ans, il a continué à observer la terre et tout ce qui y prend racine, dessinant ses découvertes. Séduit par ses croquis à l’encre de Chine, un fleuriste le prend à l’essai, mais. ce qu’il veut, c’est créer avec les plantes.

Plusieurs œuvres de Duy Anh Nhan Duc dans  la rotonde du Musée Guimet, à Paris, en 2021
Plusieurs œuvres de Duy Anh Nhan Duc dans
la rotonde du Musée Guimet, à Paris, en 2021

Le jardin des arts de Danh VO

« Depuis vingt-cinq ans, l’artiste d’origine vietnamienne qui a grandi au Danemark poursuit une œuvre singulière. Installations, sculptures et aujourd’hui végétaux lui permettent d’explorer la question des origines, entre histoires intimes et collectives. »
Jusqu’au printemps, « M » le Magazine du Monde, invite l’artiste Danh VO à présenter des images des fleurs qu’il cultive dans le jardin de son atelier près de Berlin.

Dans le jardin de Danh VO à Güldenhof, près de Berlin
Dans le jardin de Danh VO à Güldenhof, près de Berlin

Des sapins dans les rues et les maisons de Hanoï

Depuis 2006, j’ai constaté l’augmentation des décorations de Noël dans les rues de la capitale. Début décembre, sapins et guirlandes s’allument près des commerciaux. De nombreuses boutiques proposent des tenues de père Noël, des bonnets, et tout le nécessaire pour décorer son sapin à la maison.
Certes la population compte presque 7 % de catholiques et la cathédrale de Hanoï est très fréquentée en décembre. La crèche installée devant le parvis attire l’attention. Mais la fête de Noël a été adoptée par une population jeune, prompte à ajouter des évènements festifs aux fêtes traditionnelles.
Une amie témoigne : « Nous ne fêtons pas Noël comme les Vietnamiens catholiques, mais nous préparons un repas familial et des cadeaux pour nos enfants. Ils sont grands et ne croient plus au Père Noël, mais seront certainement contents de recevoir des cadeaux sur le lit quand ils se réveilleront le lendemain. »

Deux-amis-devant-la-cathedrale-de-Hanoi-Les-filles-de-Hong-Nga-a-la-maison
A gauche : Deux amis devant la cathédrale de Hanoï
A droite : Les filles de Hong Nga à la maison
Hoai Anh Préfassienne 2013 et sa plus jeune fille
Hoai Anh Préfassienne 2013 et sa plus jeune fille

Des nouvelles de nos Préfassien·nes

Anh Tu et son fils dans un champ de sarrasin en novembre, vers Moc Chau. C’est un paysage magique que j’ai eu la chance de contempler en novembre 2014 dans la région montagneuse Nord du Vietnam. « Grenoble m’a donné le goût pour les montagnes. » 
Depuis quelques années, la floraison du sarrasin est devenue une occasion pour les Hanoïen.ne. s de sortir de la ville pour admirer la beauté de la nature.
Hoai Anh, son mari Hieu et leurs filles ont célébré leurs 16 ans de mariage. Félicitations !Hoai Anh, son mari Hieu et leurs filles ont célébré leurs 16 ans de mariage. Félicitations !
Thu Ha Robin-Tran vient d’obtenir la nationalité française.
Elle est maintenant franco-vietnamienne et va pouvoir voter !
Le 17 décembre – jour de ses 43 ans – elle était conviée à la sous-préfecture de l’Allier à Vichy, hélas, le Covid n’a pas permis que se tienne la cérémonie de remise « solennelle » des pièces d’identité.
Bienvenue dans un pays qui lui est cher, où elle travaille, où elle a fondé une famille !

Thu Ha et son mari Gilles à Noël 2021
Thu Ha et son mari Gilles à Noël 2021

Bon anniversaire à celles et ceux qui sont né·es en décembre ! 

Fleur, fille de Lan, née le 15 décembre 2012
Fleur, fille de Lan, née le 15 décembre 2012
Tim Robin, né le 16 décembre 2011
Tim Robin, né le 16 décembre 2011
Thu Ha Tran-Robin née le 17 décembre 1978
Thu Ha Tran-Robin née le 17 décembre 1978
Elise, fille de Hoai, née le 18 décembre 2018
Elise, fille de Hoai, née le 18 décembre 2018
31ans pour Anh Tu le 27 décembre
31ans pour Anh Tu le 27 décembre

A la manière de Michel Leiris !
Sur Facebook, Anh Tu publie un texte qui fait penser à l’autoportrait dépréciatif de Michel Leiris.
« C’est moi à 31 ans, Cheveux longs attachés, visage rond et j’ai dû porter un chapeau parce que le haut de la tête commence à devenir chauve. Je n’aime toujours pas faire de l’exercice mais j’ai plus d’attention à manger qu’avant (je mange très propre, ce qui signifie que je mange tout sans jeter ce que je considère comme propre). J’aime toujours me ramper pour faire des choses inutiles après des nuits impasses. Toujours moi mais une version grasse et endormie.
Ce à quoi je pense le plus à l’âge de 30 ans, ce n’est pas l’amour (parce que j’en ai lol), pas l’argent (parce que je ne peux pas l Je commence à sentir le temps qui passe clairement dans ma vie. Je parle de « plus tard » autant que « avant » et « maintenant » un peu moins. Parce que le temps passe si vite, « maintenant » deviendra bientôt « le passé » de « plus tard ». J’aimerais juste que « maintenant » soit un peu plus long pour que je puisse vivre plus pleinement avec des expériences heureuses.
Je voulais écrire quelque chose de profond (après avoir lu à nouveau et supprimé toutes les émotions) juste pour une personne après 30 ans, les cheveux commencent à avoir du fil d’argent, mais seulement profond pas assez pour Tu, faut encore rire un peu pour les supporter. Donnez-vous un coup (peu) pour la motivation à accélérer dans la nouvelle ère ! »
Les quelques bizarreries linguistiques du texte sont dues à la traduction automatique du vietnamien en français.

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