Mission 3 – Chapitre 5

Avec nos Préfassiennes

● Visite du président et de la trésorière de Préfasse

Jean-Marie Maillard, président de Préfasse, et Reine Durupt, trésorière, sont arrivés à Hanoi pour quelques jours. Nous faisons le point sur mon travail au Département et programmons des rencontres avec nos Préfassien.ne.s et les autorités.

Le repas des « avocates »
Pham Thuy, la première Préfassienne de l’année 1997, n’a pas été recrutée comme professeur au Département. Elle en a conçu beaucoup d’amertume avant de changer d’orientation, de suivre une nouvelle formation à Dijon et de se diriger vers l’import-export. Elle a un garçon de un an.
Chien, Préfassienne d’adoption, a suivi une formation en commerce international à Dijon. Mariée, mère d’un jeune garçon, elle est rayonnante.
Toutes deux travaillent comme juristes dans des entreprises commerciales, d’où leur surnom, les « avocates ». Elles ont fait leur chemin et sont fières de nous inviter dans un restaurant chic, le Wild rice, installé dans une ancienne maison coloniale. Kim et Hoai, les Préfassiennes 1999 et 2006, nous ont rejoints. Les mets sont délicieux et accompagnés d’un Chardonnay australien.

Reine, Chien, Thuy 97 et Jean-Marie - Jean-Marie, Régine, Hoai 2006 et Kim 1999
Reine, Chien, Thuy 97 et Jean-Marie – Jean-Marie, Régine, Hoai 2006 et Kim 1999

Excursion à Bat Trang
Plusieurs Préfassiennes ont réussi à se libérer pour passer le dimanche avec Jean-Marie, Reine et Régine. Matinée au village de la céramique proche de Hanoi. Achats d’objets à des prix bien inférieurs à ceux de Hanoi. Déjeuner chez les beaux-parents de Minh au bord du Fleuve rouge. Nous traversons en minibus des étendues maraîchères et les pépinières d’arbres pour le Têt. L’endroit est calme et rustique, la cuisine bio. Repas pris sur la natte, à l’ancienne.
Visite de la pagode Chu Dong Tu et balade au bord du fleuve, sur la digue. Je m’extasie devant le momordique de Cochinchine, un fruit étonnant qui sert à teinter le riz gluant en rouge.

 

Emplettes à Bat Trang
Emplettes à Bat Trang

Rencontre Préfasse – Direction du Département
Nous faisons le point sur notre coopération : la bourse à une étudiante et la mission de formation. Thuan, Binh et Thai expriment leur satisfaction. Vu la difficulté des étudiant.e.s à être recruté comme professeur.e de français, il est envisagé de changer le profil de la boursière de Préfasse. La bourse conviendrait mieux à un.e jeune professeur.e qui n’est jamais allé.e en France. Préfasse pourrait-elle par ailleurs envisager d’accueillir des étudiant.e.s de master pendant les mois d’été pour un bain linguistique et la recherche documentaire ? A discuter à notre prochaine AG.

Rencontre Préfasse – Ambassade de France
Marie-Josée Vidal, attachée d’éducation, nous parle de ses projets, de la situation du français au Vietnam. Elle souhaiterait que les sujets du bac 2008 des classes bilingues – en français, maths et physique – soient définis en collaboration franco-vietnamienne. Elle songe à Préfasse pour la partie française. Nous sommes ouverts. Nous parlons du financement du billet d’avion pour la mission de formation. A voir.

 

Reine, Chien, la belle-mère de Minh, Minh, Kim et Nga, sous les pamplemousses
Reine, Chien, la belle-mère de Minh, Minh, Kim et Nga, sous les pamplemousses
Déjeuner sur la natte
Déjeuner sur la natte
Momordique de Cochinchine
Momordique de Cochinchine
Avant de se séparer
Avant de se séparer

● Bilan de mission

 

– Les cours donnés aux étudiant.e.s sont indispensables et fructueux à plusieurs titres : analyse des difficultés rencontrées par les enseignants; émergence de questions de la part des professeurs en observation ; appropriation de nouvelles méthodes.
– Les séances de travail avec les enseignants ont été plus ciblées que lors des précédentes missions pour répondre à des besoins précis et il me semble que nous avons gagné en efficacité.
– Le changement de manuel a créé une rupture dans les habitudes des enseignants et les a confrontés à des difficultés parce que les méthodes en vigueur ne suscitent pas l’autonomie. J’ai beaucoup insisté sur la notion de liberté pédagogique : c’est à l’enseignant de choisir ses entrées pédagogiques, de varier les méthodes, d’anticiper le travail en classe en demandant aux étudiants des travaux préparatoires individuels et/ou collectifs ciblés et variés (mini-exposés sur un point de lexique, de civilisation, sur un auteur, une personne célèbre… commentaire de documents du Manuel, trouvés sur Internet ou une autre source…)
– Il faut éviter l’ennui lié à la répétition immuable du déroulement d’un cours, donner du sens au travail effectué, moduler le temps en fonction de la difficulté des exercices, faire acquérir des outils et des méthodes, apprendre à apprendre.
– Il est souhaitable qu’une même classe ne soit pas partagée entre 4 ou 5 enseignants et indispensable de ralentir le rythme des leçons.
– Les séminaires généralistes ont permis une mise à jour des connaissances sur la diversité syndicale et politique en France, les fêtes inscrites au calendrier et les pratiques religieuses et profanes qui y sont liées. Elles ont tracé des pistes pour une meilleure appréhension des textes littéraires en classe de FLE : initiation au roman policier et au roman noir, présentation de 2 récits du 21ème s. qui abordent les questions de la famille, de l’immigration, de l’intégration : Un secret de Philippe Grimbert 2004 et La Petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel 2005.
– Ma participation aux séminaires régionaux de Can Tho et Siem Reap m’a permis de mieux cerner la situation du français en Asie du Sud-Est et de découvrir le site d’Angkor.
– Tout au long de mon séjour, j’essaie aussi d’inciter professeur.e.s et étudiant.e.s à se cultiver : lire, aller au cinéma, profiter des activités proposées par l’Espace.
– Quant au bilan humain, il est d’une grande richesse. Mes collègues et ami.e.s me demandent de revenir, l’an prochain.

Grenoble, 6 août 2018