Séjour de Bao Nhung – Chapitre 2

SÉJOUR EN FRANCE DE BAO NHUNG

Semaine 2 – À Paris et à Arras

– Samedi 10 juin 2023 – De Nancy à Paris

J’ai arrosé pour la dernière fois le jardin de Jean. Il faisait frais et il y avait du soleil depuis très tôt. Jean et Marie-Ange m’ont conduite à la gare et on s’est dit au revoir.

À midi, je suis arrivée à Paris. Le Thuy Ha Le m’attendait à la gare. Il y faisait trop chaud. On a pris le métro pour rentrer à l’appartement de Ha et Simon où deux gros chats qui sont très mignons, Maki et Modjo, nous guettaient.

L’après-midi, nous sommes allés à la Maison de Victor Hugo, place de Vosges. Cette année, cette maison-musée fête ses 120 ans. Une exposition anniversaire de la fondation du musée y est organisée. Victor Hugo a vécu au deuxième étage de l’appartement pendant seize ans, de 1832 à 1848, où il a écrit une grande partie des « Misérables ». Nous y avons découvert la vie et les autres œuvres du romancier français le plus connu du monde.

Le salon chinois dans l'appartement de Victor Hugo
Le salon chinois dans l’appartement de Victor Hugo

 Après avoir pris l’apéro en bord de la Seine, nous avons assisté à « Tout va bien se passer ! » à la salle de La Grande Comédie. Samy, qui va se marier avec Manon dans un jour, tombe amoureux soudainement d’une belle inconnue pendant la fête d’enterrement de sa vie de garçon avec ses copains. La pièce visait à faire rire pourtant je ne l’ai pas trouvée drôle, car les situations étaient caricaturales et la parole un peu forcée.

Devant le Moulin Rouge, à la sortie du spectacle
Devant le Moulin Rouge, à la sortie du spectacle

– Dimanche 11 juin 2023 – Parcours à vélo à Paris

Ha, Simon et moi sommes baladés à vélo pendant toute la matinée. Nous avons traversé la Place de la Bastille, le Canal Saint-Martin (où a été tourné « Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain »), les arrondissements avec l’architecture très parisienne. Mais c’est dommage que je me sois trop concentrée à conduire mon vélo, car je ne m’habituais pas encore aux rues à Paris, alors je n’ai pas bien vu les sites. Nous avons déjeuné au Marché des Enfants Rouges, le marché couvert le plus vieux de Paris.

Place de la République à vélo
Place de la République à vélo

L’après-midi, on a visité le Jardin des Plantes puis le Musée national d’Histoire naturelle où on exposait des échantillons de la faune et flore selon leur évolution. Ha et moi avons participé à une expérience stupéfiante de revivre virtuellement la vie sous-marine il y a plus de 500 millions d’années : nous étions happées vers le fond de la mer !

Au Musée national d’Histoire naturelle - La Grande Galerie de l’Évolution
Au Musée national d’Histoire naturelle – La Grande Galerie de l’Évolution

– Lundi 12 juin 2023 – À La Conciergerie et La Sainte-Chapelle

Premier jour de la visite libre. En métro, je suis allée visiter deux des plus grands monuments historiques de Paris sur l’île de la Cité : la Conciergerie et la Sainte-Chapelle.

La Conciergerie fut la résidence et le siège du pouvoir des rois de France au Moyen Âge. Transformé en prison du Parlement de Paris vers la fin du XIVe siècle, cet édifice est resté un haut lieu de détention pendant la Révolution française avec l’installation du Tribunal révolutionnaire. Marie-Antoinette, une des reines de France, est sa prisonnière la plus célèbre et une chapelle commémorative y a été aménagée à l’époque de la Restauration à l’emplacement de sa cellule.

Tout près de la Conciergerie se situe la Sainte-Chapelle, au Palais de la Cité. Cette chapelle de style gothique comprend une chapelle haute – réservée au roi et à ses hôtes de marque – dans laquelle sont exposées les reliques de la Passion du Christ, et une chapelle basse pour le personnel du palais. Les verrières de la chapelle haute représentent des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament. La rose représente l’Apocalypse. Au niveau inférieur, la statue de Saint Louis – Louis IX – qui a joué un rôle considérable dans la conception de cet édifice est placée dans l’abside. Les vitraux de la Sainte-Chapelle sont incroyables ! La lumière les fait briller magnifiquement ! Ce sont mes préférés.

Les vitraux à la chapelle haute de la Sainte-Chapelle
Les vitraux à la chapelle haute de la Sainte-Chapelle

 – Mardi 13 juin 2023 – Au Musée Carnavalet, au Musée de Cluny et au Panthéon

Deuxième visite libre. Avec les suggestions de Ha, j’ai choisi ces trois sites comme destinations parce qu’ils sont tout près l’un de l’autre, alors j’ai pu marcher tranquillement en faisant du lèche-vitrine.

La cour d’entrée du musée Carnavalet
La cour d’entrée du musée Carnavalet

 Le musée Carnavalet se trouve dans un quartier festif avec plein de petites boutiques, mais pas touristique. Ce musée m’a donné l’impression de visiter des demeures privées à Paris autrefois, avec une petite cour entourée de bâtiments. Il est consacré à l’histoire de la ville de Paris, avec de riches collections de décors, d’estampes, de photographies, de boiseries, des informations sur la construction des monuments historiques, etc. Celle qui m’a impressionnée le plus était la collection d’enseignes au rez-de-chaussée. Comme si j’étais dans un vieux quartier regardant ces bannières des caves, des serruriers, des boulangeries et pâtisseries flotter aux vents parisiens et je flânais d’un commerce à l’autre. En bois, en pierre ou en métal, parfois très amusantes, les enseignes retraçaient Paris de façon très colorée et animée.

La collection des enseignes au musée Carnavalet
La collection des enseignes au musée Carnavalet

Au musée de Cluny, ce qui m’a d’abord sauté aux yeux, c’est un très grand trou. Après, j’ai compris que c’était un des thermes de Cluny typiques du mode de vie romain, lieu de rencontre préféré des habitants de la cité et lieu de détente sociale. Avec d’autres collections exposées, le musée de Cluny représente concrètement le monde à l’époque médiévale.

Sous le soleil de Paris, j’ai marché jusqu’au Panthéon. Il faisait vraiment chaud, des gens se rassemblaient à l’ombre autour du site pour se reposer, se bavarder ou travailler. Ce site fut à l’origine, l’église Sainte-Geneviève, puis le « temple des Grands hommes et Grandes femmes de la nation ». Souvent, quand on parle du Panthéon, on pense tout de suite à sa façade avec des colonnes couronnées par un dôme. Par contre, je n’avais jamais imaginé sa taille gigantesque. L’intérieur de ce monument m’a aussi vraiment fascinée par sa coupole somptueuse, les sculptures et les peintures historiques et le célèbre pendule de Foucault qui démontre que la terre tourne sur elle-même. C’est à la crypte du Panthéon que se trouvent les sépultures des personnalités les plus célèbres de France comme Victor Hugo, Voltaire ou encore Marie Curie. Le terme « panthéoniser » signifie, depuis plus de 200 ans, l’action d’honorer une personnalité en transférant ses restes au Panthéon.

La coupole baroque du Panthéon
La coupole baroque du Panthéon
et le pendule de Foucault
et le Pendule de Foucault

– Mercredi 14 juin 2023 – Départ pour Arras, à la Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast d’Arras.

J’ai quitté Ha et Simon pour partir à Arras où j’ai rencontré Christian qui m’a emmenée à la Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast d’Arras après être venu me chercher à la gare. Il m’a fait découvrir le symbole de la ville d’Arras : les rats. Ils sont entrés dans l’histoire française et se sont même hissés sur le toit de la cathédrale Notre-Dame d’Arras. Quant à cette dernière, elle fut, à l’origine, l’église de l’abbaye Saint-Vaast (actuel Musée des Beaux-arts d’Arras). Sa coupole avec les couleurs vives représente les épisodes de la vie de la Vierge.

La coupole baroque de la cathédrale Notre-Dame d’Arras
La coupole baroque de la cathédrale Notre-Dame d’Arras

 Christian m’a conduite enfin chez Hoai qui, avec sa fille très mignonne, m’a hébergée pendant près de cinq jours.

– Jeudi 15 juin 2023 – Au Site des Deux-Caps

Après environ une heure de voiture d’Arras, avec Christian, j’ai profité de la vue sur le cap et du panorama. Quel beau paysage ! Il m’a expliqué que les falaises étaient le point le plus proche entre la France et l’Angleterre et que par beau temps, on apercevait très bien les côtes anglaises. Malheureusement, il y avait du brouillard ce jour-là, et je ne voyais que les bateaux défiler sur la mer !

Les moutons du Cap Blanc-Nez
Les moutons du Cap Blanc-Nez

Après avoir goûté des moules avec la sauce au Maroilles – une spécialité fromagère du Nord, nous nous sommes promenés au bord de la mer à Audresselles, puis à Wimereux. L’air frais de la mer du Nord m’a rafraîchie entièrement après la chaleur parisienne.

– Vendredi 16 juin 2023 – En observation à l’Université d’Artois

Le matin, j’ai observé le cours du professeur de français Mikael Gueydon pour une dizaine d’étudiantes de niveau C1 dont neuf étaient en retard. Comme les étudiants vietnamiens ! Le groupe travaillait sur l’argumentation avec un texte déclencheur intitulé « Pour ou contre la censure de Trump par les GAFA ? ». Les étudiantes présentaient librement leurs thèses et antithèses sur le sujet sous la direction de l’enseignant. Je trouve qu’il faut certainement un gros travail de préparation du professeur. Par ailleurs, la façon dont il s’occupait de chaque étudiante est très nécessaire dans une classe de langue. Les étudiantes étaient très motivées et se sont bien concentrées sur leur travail.

Le cours du professeur de français 
Mikael Gueydon à l’Université d’Artois
Le cours du professeur de français
Mikael Gueydon à l’Université d’Artois

Par contre, l’après-midi, j’ai assisté à un cours donné par une étudiante en master avec les étudiants vietnamiens. On travaillait sur les fêtes en France et au Vietnam et les registres de langue. Les étudiants étaient soit en retard, soit absents, finalement il n’y en avait que trois sur une dizaine. En général, ils étaient moins volontaires que le matin. J’étais surprise qu’ils se parlent souvent en vietnamien malgré la présence de leur enseignante française. Grâce à ces deux observations, j’ai bien vu la différence entre les méthodes des professeurs résultant de la différence entre les étudiants. 

Après, Hoai, Élise et moi avons visité le Musée des Beaux-Arts d’Arras. Malheureusement, nous sommes arrivées à environ une heure avant la fermeture, par conséquent, je n’avais pas suffisamment de temps pour bien connaître ce musée. Nous y avons croisé Mỹ qui était mon étudiante en 2021-2022 et qui fait actuellement des échanges scolaires à l’Université d’Artois. Nous avons dîné ensemble et nous avons parlé jusque tard. Devant le Musée des Beaux-Arts d’Arras avec Elise fille de Hoai

– Samedi 17 juin 2023 – À la découverte de la ville d’Arras

Une phase de l’histoire arrageoise est restituée à la carrière Wellington, le mémorial de la bataille d’Arras lors de la Première Guerre mondiale. Quel lieu chargé de mémoire et d’émotion ! Hoai, Élise et moi, équipées d’un casque, d’un audio-guide et accompagnées par un guide conférencier, sommes descendus sous les pavés d’Arras. Le parcours était rythmé par des arrêts pour commenter les lieux de vie des soldats à la veille de la bataille. C’est surprenant que 24 000 soldats aient été accueillis dans ce réseau de casernes souterraines pour se préparer au combat ! Nous avons vécu le choc ainsi que la tristesse à travers des courts métrages projetés, les objets quotidiens – notamment les derniers mots destinés à la famille des soldats, les outils de travail, les traces, les graffitis laissés sur les murs de la cave. J’y ai découvert aussi que le coquelicot symbolise le souvenir des soldats et de leur sacrifice pour la patrie.

Sous la carrière Wellington – L’espace privé des soldats
Sous la carrière Wellington
L’espace privé des soldats

À midi, Hoai avait invité ses amies et collègues avec qui j’ai passé d’agréables moments. Elles étaient très sympathiques et aimables. À la fin de l’après-midi, Hoai, Élise et moi sommes montées au beffroi d’Arras donnant sur la Place des héros. Nous y avons rencontré trois mariages et avons visité la Grand-Place où se dressent les anciens bâtiments d’Arras, de style flamand.

La ville d’Arras vue du Beffroi
La ville d’Arras vue du Beffroi

– Dimanche 18 juin 2023 – Un au revoir sous la pluie d’Arras, une bienvenue sous le soleil de La Réole

Arras m’a dit au revoir par une petite pluie. Depuis 6 h 30, sans voiture, Hoai, portant un imperméable, mettait mes sacs sur son vélo et les remorquait jusqu’à la gare qui est à 1 km de chez elle. Je la suivais avec un parapluie. Quelle amie très généreuse !

À La Réole, Mai est venue me chercher à la gare. Il y faisait chaud. Dans la voiture, nous avons parlé des activités qui m’attendaient la semaine suivante. Comme ce serait bientôt la Fête de la musique, j’avais hâte d’y passer des moments inoubliables !

 

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