Séjour de Bao Nhung – Chapitre 5

SÉJOUR EN FRANCE DE BAO NHUNG

Un mois à Grenoble – Au CUEF

Je suis arrivée à Grenoble le dimanche 2 juillet, la veille de l’ouverture de la formation au CUEF. Cet après-midi-là, il faisait assez chaud. Comme toutes les autres Préfassiennes, j’ai pris quotidiennement deux trams pour aller à la fac. Alors, après m’être installée chez Régine et Jean-Claude, j’ai fait un tour du quartier puis j’ai repéré l’arrêt Pont de Vence, à environ dix minutes à pied de chez eux. Au début de mon séjour à Grenoble, le transport était pour moi une préoccupation en raison des ruptures prévues ou imprévues des lignes dues aux faits divers ou manifestations ayant lieu dans le centre-ville. Mais peu à peu, j’ai pu me débrouiller toute seule dans toutes les situations !

La formation FPFLE

En ce qui concerne la formation de perfectionnement en FLE au CUEF, cette année, elle était centrée sur l’oral avec deux thématiques « Faire parler en classe de FLE » et « Mieux parler, mieux prononcer ». Pendant deux semaines, du 3 au 13 juillet, ces dernières ont été abordées dans des ateliers alliant théorie et pratique et des échanges pédagogiques dans le cadre d’une conférence et d’une table ronde.

La première semaine a porté sur l’organisation des activités orales et ludiques : activités exploitées à travers des œuvres d’art, présentation créative, jeu de rôle, jeux de société, expression radiophonique. La deuxième sur le diagnostic des erreurs et l’amélioration : remédiation phonétique, diction et lectures créatives, jeu choral, slam et prosodie, phonétique en chanson. Je trouve que les modules sont tous intéressants et nécessaires pour mon travail. L’exploitation des œuvres d’art, l’expression radiophonique et la lecture créative m’ont vraiment attirée car ce sont des activités intéressantes et efficaces que je n’ai jamais appliquées pour dynamiser mes étudiants de bas niveau. Par ailleurs, nous avons participé à une conférence intitulée « Parlons PRO, parlons FLE ! » où nous avons partagé des pistes en faisant face aux défis de l’enseignement et de l’apprentissage de l’oral en langue étrangère. Ces activités m’ont inspiré plusieurs idées afin d’animer mes classes l’année prochaine.

Lors de la conférence « Enseigner et apprendre l’oral en langue étrangère : enjeux et défis »
Lors de la conférence « Enseigner et apprendre l’oral en langue étrangère : enjeux et défis »

Outre que la formation par les formatrices très enthousiastes et sympathiques, j’ai eu des échanges vraiment enrichissants avec mes camarades au niveau des méthodes d’enseignement ainsi que des connaissances linguistiques et culturelles. Nous avons découvert avec curiosité, explicitement et implicitement, des traits culturels très typiques chez chacun et chacune, grâce auxquels nous avons appris à avoir une attitude compréhensive et tolérante envers les autres dans une situation multiculturelle. Au dernier déjeuner, les amis ouzbeks nous ont fait manger leur spécialité, le « plov » – un plat à base de riz, de viande de bœuf et de légumes, parfumé d’un mélange délicat d’épices comme le cumin, la coriandre, le poivre noir, du piment – et nous ont présenté leur danse traditionnelle. C’était donc non seulement une formation de spécialité, mais aussi une expérience très mémorable !

Le repas avec le « plov » et la danse traditionnelle ouzbek
Le repas avec le « plov » et la danse traditionnelle ouzbek

La classe de langue et littérature

Après avoir dit au revoir au groupe des formateurs et formatrices, j’ai commencé ma deuxième quinzaine du mois avec la classe de langue et de littérature. Au cours de langue qui était au niveau B2/C1, c’était difficile pour moi de m’intégrer au groupe, car les apprenants y étaient ensemble depuis le début du mois, notamment les anglophones qui restaient souvent entre eux et qui parlaient régulièrement anglais. Pourtant, j’ai pu rapidement rattraper les autres dans le travail et suis arrivée à bien suivre le fil conducteur. Nous avons travaillé les quatre compétences, surtout sur le thème de cinéma et un peu sur les tendances collapsologie[1] et transhumanisme[2].

Avec les camarades
Avec les camarades

Le cours que j’avais hâte d’avoir chaque jour, c’était l’initiation à la littérature française. Je regrette de ne pas pouvoir suivre plus de cours de littérature. Nous avons travaillé sur les mouvements littéraires : la situation sociale, les auteur. e. s renommé. e. s et les chefs-d’œuvre. Notre professeur, avec ses explications très concrètes et riches en informations, nous a fait nous approcher de la littérature française, lentement mais sûrement. Nous avons commencé avec « le réel et le merveilleux » dans « Tristan et Iseult », puis le pantagruélisme à travers la lettre que Gargantua envoie à son fils Pantagruel, la comédie ironique dans « Le Malade imaginaire », l’optimiste Candide et sa conclusion « Il faut cultiver notre jardin », la manifestation de soi dans « Demain, dès l’aube », le spleen dans « Recueillement » et enfin, la préoccupation de l’égalité homme-femme dans « La Femme gelée » d’Annie Ernaux. Deux heures de cours par jour étaient pour moi insuffisantes !

J’avais pensé qu’un mois passerait très vite, mais je n’aurais pas cru si vite. C’était un mois rempli de nouvelles connaissances, d’expériences et de souvenirs pour moi, bien que parfois j’aie été trop exigeante envers mes camarades et cela m’a rendue mal à l’aise. Les cours m’ont rendue plus ouverte, m’ont donné plus de confiance en moi pour être prête pour l’année scolaire qui s’approche à grands pas.

La visite en ville avec les camarades
La visite en ville avec les camarades

———–

[1]La collapsologie est un courant de pensée transdisciplinaire apparu dans les années 2010 qui envisage les risques, causes et conséquences d’un effondrement de la civilisation industrielle. Elle s’inscrit dans l’idée que l’homme altère son environnement durablement, et propage le concept d’urgence écologique, lié notamment au réchauffement climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Les collapsologues estiment cependant que l’effondrement de la civilisation industrielle pourrait provenir de la conjonction de différentes crises : crise environnementale, mais aussi crise énergétique, économique, géopolitique, démocratique, etc. – selon Wikipedia

[2] Le transhumanisme se comprend comme l’aboutissement ultime du destin humain, une nécessité dans l’histoire de l’homme qui est un être conquérant dont la vocation est d’utiliser son génie et sa créativité pour transformer la nature dans son propre intérêt. Il faut donc pour cela libérer au maximum ce génie et laisser lesscientifiques, entrepreneurs, financiers pour construire ce brillant avenir. – selon Wikipedia

Chapitre 4

Retour

Chapitre 6